L'image du combattant

Ceux qui se battaient pendant la Guerre Civile ont été abondamment représentés dans l’art militaire, l'image du combattant en tant que héros de guerre étant la plus répandue. Les soldats étaient généralement présentés avec une carrure trapue ou athlétique pour résister aux exigences physiques de la bataille et, en même temps, inspirer une plus grande sécurité dans la lutte pour la victoire. Un trait commun à de nombreuses images de combattants était la nudité comme attribut de la bravoure : le torse nu révélant la musculature et la pose tendue évoquaient le héros classique, convenablement actualisé pour l'épopée guerrière moderne. 

Cette sculpture de Felipe Coscolla intitulée Le Héros en est un magnifique exemple. En outre, l'art a donné aux combattants un moral enviable, en évoquant la tempérance nécessaire pour résister à la pression et un dévouement inconditionnel à la cause pour laquelle ils ont assumé leur rôle avec toutes ses conséquences. Comme s'il s'agissait d'une contrepartie pour le sacrifice qu'ils ont consenti, les images des combattants cherchent à transmettre une profonde estime et admiration à leur égard.

Grâce aux détails des uniformes, il est possible d'identifier les différents soldats impliqués dans la guerre : ceux de l'armée régulière, les miliciens, les gardes civils, les phalangistes, les requetés, les membres du corps marocain ou des Brigades internationales. Les représentations les plus populaires sont peut-être celles des miliciens, qui ont été les protagonistes d’innombrables créations depuis le début de la guerre, si souvent qualifiée de révolution par des secteurs de la gauche politique, avec un accent particulier sur l'image de la milicienne, qui a été utilisée comme symbole de la lutte antifasciste.

Mais tout dans les images de soldats ne relève pas de l'héroïsme et de l'épopée. Les combattants accomplissent aussi des tâches moins glorieuses, comme celles de leur vie quotidienne, qui sont saisies par des artistes, dont certains sont chargés d'accompagner et de représenter les troupes ou sont eux-mêmes mobilisés, de sorte qu’ils sont les témoins directs de ce quotidien : le repos, les rations, la toilette, les loisirs, les longues heures d'attente... Des scènes réelles qui montrent le côté humain des combattants et dans lesquelles on peut déceler une certaine mélancolie. En effet, tous n’étaient pas volontaires, et une fois passés les premiers moments de ferveur patriotique, les soldats ont été contraints de se battre.

Bien sûr, à côté des portraits classiques de combattants, où ce n’est pas l'identité des personnages qui importe, mais leur appartenance à un groupe et leur rôle dans le déroulement de la guerre, il y avait aussi des portraits plus intimes, par exemple, ceux qui montraient des camarades de bataillon, ou encore de rares autoportraits. Bien sûr, il y a aussi des portraits, officiels ou non, de célèbres combattants et de leaders : Franco, Miaja, José Antonio, Durruti, etc. 

IEG