Échos espagnols pendant la Guerre Civile grecque 1946-1949
Creator: Kapatsis, Xenos
Source:
Hellenic Historical and Literary Archive (ELIA)
Type: Book
Extent: 1 item
37.97556, 23.73483
La Guerre Civile grecque (1946-1949) a fourni un contexte propice à la réapparition du langage « gréco-espagnol » auquel les monarchistes et les libéraux grecs avaient tendance à recourir au cours de la décennie précédente. L'exemple le plus typique fut la rumeur intense qui circula en 1947-1948 selon laquelle les Brigades internationales communistes, comme celles qui avaient combattu aux côtés des républicains espagnols, étaient sur le point de rejoindre l'armée démocratique grecque, également communiste. Cette rumeur fut probablement inventée par les services secrets de Franco afin de susciter la sympathie internationale envers son régime.
En ce qui concerne la dimension interne des deux conflits, certains craignaient que l'un des traits marquants de la Guerre Civile espagnole ne se répète en Grèce. En août 1946, l'ambassadeur américain à Athènes, Lincoln MacVeigh, a souligné que la croisade anticommuniste du gouvernement grec, qui reposait sur une définition très inclusive du « communisme », risquait de déclencher en Grèce « le même type de guerre civile idéologique qui s'est produite en Espagne […] en confirmant l'alliance d'un grand nombre de démocrates avec l'extrême gauche ». Le Premier ministre monarchiste Konstantínos Tsaldáris était favorable au régime franquiste et à Franco personnellement ; néanmoins, il reconnaissait que « la Grèce devait toujours mener ses relations internationales en accord avec les États-Unis ». Quoi qu'il en soit, une partie importante de l'élite politique, économique, sociale et intellectuelle du pays ne cachait pas son admiration pour Franco et n'hésitait pas à associer sa propre lutte anticommuniste à la « croisade » menée par le Caudillo une décennie plus tôt.
Le lien entre les deux guerres civiles a également été clairement établi par le KKE (Parti communiste de Grèce), mais pour des raisons diamétralement opposées, à savoir pour assimiler sa guérilla à la lutte antifasciste des républicains espagnols. En juin 1947, le quotidien Rizospástis du KKE avertissait le gouvernement que ses mesures répressives, en particulier dans les campagnes, conduiraient à « l'hispanisation de la Grèce », c'est-à-dire « une situation de guerre civile totale, comme celle qui a sévi en Espagne en 1936, tant sur le plan national qu'international ».
La polarisation idéologique omniprésente des deux conflits a considérablement influencé la perception des gouvernements étrangers. Pour les puissances occidentales, l'objectif commun de leurs politiques en Espagne et en Grèce était d'assurer la défaite du « communisme » ; pour l'URSS, toute aide apportée à la gauche espagnole et grecque ne devait présenter aucun danger pour la sécurité soviétique et les objectifs stratégiques généraux. Le régime franquiste, quant à lui, a constamment tenté d'établir des parallèles entre les deux guerres civiles afin de renforcer sa légitimité aux yeux de la communauté internationale, en particulier en « Occident ».
TDS/LH/DF






