Les poings levés ! Tiré de Estampes pour la révolution)
Creator: Rey Vila, José Luis [Sim] (1900-1983)
Source:
Private Collection
Date Created: 1936
Extent: 1 item
Dès le début du coup d’État, la grande question qui se posait aux autorités républicaines était de savoir s’il fallait distribuer des armes aux partis et aux syndicats ouvriers. Dans un premier temps, la distribution a été expressément interdite, par crainte de contribuer à déclencher une révolution. Le refus d’Azaña et de Casares Quiroga était fondé sur l’impossibilité de contrôler à qui les armes seraient distribuées et l’usage qui en serait fait. L'insurrection semblait encore très localisée et le président de la République pensait que la distribution d'armes pourrait être considérée comme une provocation ou la graine d'une révolution sociale naissante par la majorité de l'armée qui ne s'était pas encore soulevée.
En milieu d'après-midi, le 18 juillet, les organisations ouvrières exprimèrent leur mécontentement face au refus de distribuer des Mausers et des pistolets. Dans la soirée, alors que le gouvernement Martínez Barrio était en train de se former, les organisations ouvrières continuaient à réclamer des armes et à essayer de s’en procurer par leurs propres moyens. Mais à la fin de la journée, le ministère de la Guerre, avec l'autorisation de Casares, avait commencé à préparer cinq bataillons de volontaires composés de militaires et membres des partis de la coalition du Front Populaire. Étant donné la gravité de la situation, ils est probable qu’ils aient pensé à la nécessité de renforcer les troupes, voire d'autoriser la distribution, et qu’ils aient tenté d'anticiper. La même raison pourrait expliquer la décision de concentrer les armes et les munitions dans le Parc d'artillerie, au Ministère et au bataillon présidentiel.
À l’aube du 19 juillet, la foule continuait de réclamer des armes. Une partie des ouvriers rassemblés à la Puerta del Sol de Madrid ont pris d'assaut les armureries voisines. Le Comité National de la CNT, avait donné l’instruction de s'armer par tous les moyens. Dans le quartier d'Usera, un camion de la Garde d'assaut distribuait des Mausers et des munitions en provenance du Parc d'artillerie. Les socialistes avaient convaincu le militaire en charge de livrer cette nuit-là deux ou trois mille fusils.
La distribution des fusils du Parc d'artillerie, bien que très inférieure au nombre d’ouvriers déployés dans la rue, contribua à calmer l'atmosphère. Mais la nouvelle du gouvernement Martínez Barrio provoqua de nouvelles manifestations, indignées. Martínez Barrio démissionna et la solution Giral calma les esprits, notamment grâce à sa décision de distribuer des armes aux organisations ouvrières. Le coup d'État arrivait ainsi à Madrid à sa phase finale, celle de la riposte des forces loyales à l'État, aidées par les ouvriers militants armés.
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