Nouveau pouvoir local

L'échec du soulèvement dans une grande partie de l'Espagne en juillet 1936 provoqua la Guerre Civile. Les militaires rebelles n'ont pas attendu la fin du conflit pour commencer la construction d'un nouvel État face à celui qu'ils voulaient renverser. Le premier pas a été d’abroger la Constitution de 1931 et de supprimer toutes les institutions démocratiques pour les remplacer par de nouvelles institutions inspirées par les principes autoritaires sur lesquels la dictature s’est construite. 

Dans le processus de création du nouvel État, les nouveaux pouvoirs locaux ont été conçus selon le modèle politique institutionnel de la dictature. Il s'agissait d'éliminer tout le reste de l'héritage démocratique de la République et de construire un nouvel État hiérarchisé sous les ordres du dictateur. Les municipalités démocratiques ont été remplacées par des commissions administratives municipales nommées par les autorités militaires et après la fin de la Guerre Civile par les autorités civiles. Les membres de ces organes étaient des personnes de fidélité avérée au nouveau régime et, dans de nombreux cas, des combattants du camp franquiste. Dans cette conception, le maire et la citoyenneté n'étaient pas liés. Le maire était un délégué du gouvernement et non pas une autorité élue par les citoyens. La photo, qui montre le premier maire franquiste de Bilbao, José María Oriol, sortant de l'hôtel de ville avec Francisco Franco, illustre cette réalité.  

La législation municipale provisoire a été maintenue jusqu'en 1945, lorsque la loi sur les bases du régime local a été adoptée. Malgré l'introduction d'un modèle corporatif pseudo-démocratique pour la nomination des conseillers municipaux, le maire a continué d'être nommé par le Gouvernement, sans que son manque de lien avec la volonté des citoyens ne change.  

Ces nouveaux pouvoirs locaux ont été à tout moment au service du projet politique dictatorial. Dans son travail, nous pouvons souligner l'épuration de l'administration, en expulsant tous les employés qui n'étaient pas des gens du régime et en les remplaçant par des gens de confiance politique. En parallèle, ils se concentrèrent sur la création d'une mémoire de la guerre dédiée aux vainqueurs. Les noms de rues ont été changés, des monuments ont été érigés pour commémorer leurs propres martyrs et leurs propres victimes, et un calendrier commémoratif a été créé pour commémorer leurs morts, le dictateur et les dates marquantes du soulèvement et de la victoire. Une troisième ligne d'action a été la reconstruction après les destructions causées par la guerre, en partie réalisée par le recours au travail forcé des vaincus. Enfin, son action dans la construction de nouvelles infrastructures nécessaires au développement du pays a été entravée par le faible financement municipal. Dans le nouvel État, les pouvoirs locaux avaient peu de ressources et dépendaient de leurs contacts avec le Gouvernement pour la construction des infrastructures les plus coûteuses.  

MU/UB/MJV